dimanche 17 juillet 2016

Un petit bol d'air

Mercredi à 15h30, mon nichonlogue m'a annoncé que l'opération avait fonctionné... :)) ohlala quel grand moment de bonheur, son assistante qui a participé à mon opération m'a même dit qu'on pourrait a priori faire la 2eme opération de la même manière, c'est-à-dire à nouveau avec la graisse de mes cuissots, plutôt qu'avec une prothèse. Après avoir pris la culotte de cheval, reste la phase interne. Pendant quelques secondes, on se dit, hmm j'ai d'aussi gros cuissots que ça, à moins que ce soit parce que mes nichons sont microscopiques, ou peut être même les deux! Bon, il y a encore un peu de boulot avant de ressembler à Julia Roberts :D Mais c'est déjà un grand soulagement de savoir que ça a fonctionné, c'est déjà beaucoup, une immense chance dont il faut avoir conscience chaque jour.

Par contre, du coup, j'ai eu un petit coup de mou, ba oui... Même si ça vous donne la volonté d'aller déplacer des montagnes, ces derniers mois, j'ai pas mal puisé dans mes réserves physiques et morales, et on est facilement envahi par ce sentiment d'incompréhension, de "pourquoi moi?", de peur, pour soi, mais surtout pour ses proches. Pourquoi j'ai été touchée, et pourquoi maintenant je suis sauvée... Après un profond sentiment d'injustice, un violent sentiment de culpabilité prend place. Une quête de perfectionnisme comme la nécessité absolue d'avoir besoin d'être utile, reconnaissante, de dire merci. Les médecins sont habitués à aider les fighteurs et fighteuses à faire face à ce passage à vide, à nous habituer à ne pas avoir honte, comme après un naufrage si on faisait parti des rares rescapés, nous petite crotte insignifiante face à l'humanité. Je sais que certains vont penser "elle est concon celle-là ou quoi", mais après avoir été victime d'un cancer, c'est violent de ressortir la tête de l'eau. Donc, pour l'instant, j'apprends à revivre et non plus juste à survivre... Derrière de belles lunettes de soleil qui cache un regard parfois humide, je commence mon long chemin vers une reconstruction physique mais surtout identitaire, entourées de mes bonnes fées. Aujourd'hui, j'apprends à m'interroger sur mon ressenti, à me blinder contre les réflexions "ah ba dis donc pour quelqu'un en arrêt maladie, elle a bonne mine, merci la sécu", parce qu'on peut être malade ou en voie de guérison et avoir juste envie de se changer les idées, de profiter de sa famille et même d'aller au cinéma (!)
Mais rien ne me fera avoir une attitude fataliste, j'ai envie d'avoir encore confiance, et de focaliser toute mon énergie sur les petits bonheurs du quotidien.

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