dimanche 12 juin 2016

Il est passé par ici et ne repassera plus jamais par là

Ca y est, c'est une nouvelle étape qui commence avec pleins de nouvelles autres petites étapes le tout sur une année. La reconstruction ça n'est pas rien, aussi bien physiquement que moralement. Seulement 30% des femmes décident de le faire, et il ne faut pas juger une femme pour son choix que ce soit de le faire rapidement, des années après, ou voire jamais. C'est un choix personnel.
Mon 1er petit pas dans la guérison, fut de pouvoir passer à une vraie prothèse externe adaptée et non plus à une prothèse en tissu standard bien que ce soit déjà pas mal que les cliniques fournissent quelque chose aux femmes pour leur sortie. Me voilà donc dans une boutique spécialisée, moi habituée de chez princesse tam tam, qui achetais ses soutifs comme une baguette de pain sans avoir même besoin de les essayer. Là c'est la vendeuse en un coup d'œil, qui me dit "hmm toi ma chérie, tu as la morphologie d'un huit, tiens il te faut ça". Sans même me demander ma taille, elle a trouvé le modèle qui me fallait, et honnêtement ça change la vie!
Le 2eme petit pas consiste à prendre rendez-vous avec un professeur en chirurgie réparatrice. Le miens travaille avec mon nichonlogue, et wahou la classe j'ai un rendez-vous rapidement. Entre les jours qui séparent mon coup de fil et mon rendez-vous, je me pose tout plein de questions, et essaye de lui trouver un petit nom pour dédramatiser. Docteur Drake Ramoray (fan de friends), Dr House, Douglass Ross (pour les fans d'Urgence), Docteur Mamour (pour les fans de Grey).
Le grand jour est arrivé, et avec un large sourire le médecin m'explique gentiment qu'en gros on va recycler ma cellulite pour en faire des nichons. Oui bon d'accord c'est un peu plus complexe, mais pour le commun des mortels, ça consiste à prendre de la graisse du bidon ou des cuissots et de vous la remettre ailleurs. Eh pas mal! Dis comme ça, ça aurait limite l'air sympa. "Alors je vais prendre l'option les jambes de Gisèle Bunchen avec le décolleté de Pénélope Cruz". Il s'agit d'une opération en 3 phases. Quand je l'ai vu en février, ma peau n'était pas prête, il m'a dit qu'on se reverrait en juin, et que si c'était bon ça se ferait en 3 phases dont la 1ere fin juin début juillet en ambulatoire. Puis la 2eme et la 3me qui peuvent se faire parfois en même temps, nécessite 2 mois d'attente par rapport à la 1ere et un arrêt de 3 semaines. Allez, ça va aller!

le jour du verdict

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec mon cancérologue/oncologue, qu'on appelle en privé mon nichonlogue (ça fait quand même nettement moins peur comme nom, mais chut il ne sait pas que je l'appelle comme ça). Mon chirurgien, c'est un peu comme le père noël avec une baguette magique et les supers pouvoirs de Superman. Son travail ça consiste à sauver des vies, dont en l'occurrence la mienne. Le tout en restant humain, humble, en faisant tout pour que vous restiez tout de même heureuse et de bonne humeur. Oui, c'est un peu un demi Dieu, il doit avoir un secret.
Donc me voilà à la visite de contrôle, "waa quelle belle cicatrice", hmhm si tu le dis. Comment ça peut être beau une cicatrice, enfin c'est lui qui a fait médecine, donc on sourit et on acquiesce. "J'ai une bonne nouvelle. C'est assez rare, (d'autant plus que mon cancer était à un stade avancé), mais vous n'allez pas avoir besoin de traitement. Non ni chimio, ni radiothérapie, ni hormonothérapie. Vous êtes guérie". Ooohhh, waaaa, #allelujahbordel! C'est le chamboule tout dans ma tête! Oui, on peut avoir un cancer, et que la mastectomie permette dans certains cas qu'il n'y ait pas de traitement. Je crois que ce fut le plus beau jour de ma vie. "A présent, vos allez pouvoir envisager la reconstruction".

dimanche 5 juin 2016

et bonne année!

1er janvier 2016

Je me réveille avec un mélange de gueule de bois, d'euphorie, et de crainte. Et pourtant, non je n'ai pas fait la fête jusqu'au petit matin... Mais qu'est donc alors que ce sentiment étrange? Un cancer... Le vilain mot est lancé. Pour un herpès, les filles disent souvent "euh, j'ai un bouton de fièvre", mais là non, pour cancer, on n'a rien trouvé et oui je vous le dit ça pue grave!
On m'a annoncé le 7 décembre que j'avais un cancer du sein très avancé et qu'il fallait me faire une mastectomie. Alors certes, lorsqu'on va voir un cancérologue, on se doute que sa profession tourne autour de ça mais pour autant lorsqu'on va chez le dentiste, on ne se dit pas "crotte, je vais ressortir avec un dentier". Donc voilà, cette année, en se penchant sur ma liste, papa noël a dû sauter une ligne, moi en point commun avec Angelina Jolie, j'avais plutôt demandé le compte en banque, pas ses nichons.
Après l'annonce aux proches, famille, amis, me voilà devant la glace à me dire "ok, et maintenant pour le boulot on fait comment?". Je suis RRH, responsable des répressions humaines, celle qu'on adore détester, celle dont vos copines vous disent "ma RRH, cette connasse, ah non mais t'inquiète rien à voir avec toi hein" hmhm. Ok, je suis clairement la cible à abattre, dans une nouvelle boîte, à une création de poste, et avec mon nouveau pote le cancer toujours fidèle. Nous avons toutes vécues le fameux "je n'ai rien à me mettre", et bien là d'un coup cette phrase prend tout son sens. La solution, comme après une grossesse, détourner le regard vers autre chose que nos petits kilos disgracieux. Là, on dit merci Christina, oui celle de Magnifique by Christina, Les reines du shopping, et Relooking pour toutes ses supers combines. You saved my 1rst day at work!